Crise dans l’industrie automobile française : l’alerte rouge du Sénat

L’industrie automobile française traverse une période extrêmement critique. À travers son récent rapport, le Sénat met en garde contre une possible disparition de ce secteur stratégique, autrefois pilier de l’économie nationale.

Ventes déclinantes, délocalisations, concurrence internationale renforcée… autant de signaux inquiétants qui appellent des mesures urgentes. L’enjeu dépasse les seules entreprises : il touche à l’emploi, à la souveraineté industrielle et à l’avenir du « made in France ».

Un constat alarmant

Baisse des volumes et recul de la production

Le rapport sénatorial relève une chute marquée des ventes de voitures neuves en France : les immatriculations restent actuellement environ 20 % en dessous du niveau d’avant‑Covid.

Parallèlement, la production nationale décline fortement : autrefois, environ une voiture vendue sur deux en France était fabriquée dans le pays ; en 2020, ce ratio serait tombé à environ une sur cinq.

Moins d’usines, menace sur l’emploi

Depuis trois décennies, le nombre d’usines en activité s’est presque réduit de moitié.

Environ 800 000 emplois sont encore liés à la filière automobile en France : 350 000 chez les constructeurs, 450 000 chez les équipementiers et sous‑traitants.

Le rapport évoque une « désindustrialisation progressive », réalisée « dans l’indifférence générale ». Le parallèle est mis avec la sidérurgie ou le textile des décennies passées.

Concurrence internationale et transition technologique

La montée en puissance des acteurs extra‑européens, notamment chinois, est pointée comme un facteur majeur de fragilisation.

En outre, l’industrie doit faire face à un double défi : la transition vers l’électromobilité et les normes environnementales, qui impliquent des investissements lourds et des mutations profondes. Le rapport mentionne que la date butoir de 2035 pour l’interdiction des ventes de véhicules thermiques neuves au sein de l’UE fragilise les constructeurs européens déjà sous pression.

Quelles pistes d’action ?

Le rapport formulé par le Sénat propose 18 mesures d’urgence, destinées à éviter un effondrement de la filière.

Mesures de court terme

  • Augmentation des droits de douane sur les véhicules importés, notamment électriques, en provenance de Chine pour protéger l’industrie européenne.
  • Report de l’interdiction de vente des véhicules thermiques neuves en Europe (prévue pour 2035) afin de donner du temps à la filière pour s’adapter.
  • Imposition d’un contenu local minimum (environ 80 %) pour les véhicules vendus en Europe, et objectifs de production locale de batteries (ex. 40 % d’ici 2035).

Mesures de moyen et long terme

  • Encourager le développement de petits véhicules électriques abordables, sur le modèle des kei‑cars japonais, afin d’élargir le marché.
  • Créer un « Airbus du logiciel embarqué » européen pour mutualiser les technologies et renforcer l’autonomie stratégique de la filière. (Mention dans l’article d’origine)
  • Améliorer la compétitivité des outils de production, soutenir les investissements massifs nécessaires et renforcer le partenariat public‑privé.

Pourquoi est‑ce important pour la France ?

Enjeux industriels et souveraineté

L’industrie automobile ne représente pas seulement des voitures : elle constitue un maillon essentiel de nombreuses chaînes de valeur (métaux, électronique, batteries, pièces détachées) et irrigue de nombreuses régions. Une disparition ou un fort recul de la filière réduirait le tissu industriel français, limiterait la capacité d’innovation et rendrait la France davantage dépendante des importations.

Enjeux sociaux

Avec 800 000 emplois concernés, les conséquences d’un effondrement seraient massives pour l’emploi, pour les bassins industriels déjà fragilisés et pour les effectifs qualifiés dans les métiers de la production automobile.

Enjeux économiques

Une filière automobile forte contribue non seulement à l’exportation mais aussi à l’investissement, aux partenariats et à la modernisation technologique. La perdre signifierait également une perte de compétitivité et de prestige industriel.

Quelques données de contexte supplémentaires

  • En France, au premier semestre 2025, le marché des voitures neuves a enregistré une chute de 6,4 % des immatriculations.
  • La part des véhicules électriques continuait d’augmenter mais reste encore insuffisante pour atteindre les trajectoires fixées par les normes européennes.
  • Plusieurs usines du groupe Stellantis en France (Poissy, Sochaux, Mulhouse) ont connu des arrêts temporaires ou des ajustements de rythme de production, signe d’un marché difficile.

Le rapport du Sénat tire la sonnette d’alarme : la filière automobile française est en état critique et risque, sans actions rapides et structurantes, de connaître un déclassement majeur. Les enjeux dépassent la seule production de véhicules : il s’agit de l’avenir industriel, technologique, social et économique de la France.

Une stratégie courageuse et collective, chiffres à l’appui, est essentielle pour éviter ce que le rapport qualifie d’« effondrement programmé ».En somme : ce n’est plus uniquement une question de marché, mais bien de souveraineté industrielle.

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