
Un nouveau sondage révèle qu’une part significative des Français, 47 %, considère aujourd’hui le Rassemblement National (RN) comme un parti capable de conduire le pays. Cette donnée s’inscrit dans un contexte de défiance généralisée envers les institutions et d’instabilité politique. Elle met en lumière l’évolution de l’image du parti mené par Marine Le Pen, mais aussi les fractures profondes de la vie politique française.
Le contexte global : défiance et fractures
L’enquête, réalisée par Ipsos pour plusieurs institutions, souligne un climat social et politique très tendu :
- Une confiance dans la Présidence de la République est tombée à 22 %, un plancher historique.
- Une majorité de Français est favorable à une dissolution de l’Assemblée nationale (43 %) ou à la démission du Président (58 %).
- Une crise de représentation : 87 % estiment que les hommes et femmes politiques « agissent principalement pour leurs intérêts ».
Tout cela alimente un terreau propice à la montée de partis considérés comme alternatifs.
Le RN passe-t-il un cap de crédibilité ?
Trois éléments ressortent :
- Capacité perçue à gouverner : 47 % des Français l’affirment, soit +3 points par rapport à l’an dernier.
- Proximité aux préoccupations des Français : 42 % jugent que le RN est le parti « le plus proche de leurs préoccupations ».
- Image réduite du danger démocratique : 49 % estiment que le RN est « dangereux pour la démocratie », une légère baisse.
En parallèle, le parti présidentiel a vu sa cote chuter : seulement 30 % considèrent que son parti est capable de gouverner.
Cette amélioration du RN ne signifie pas pour autant qu’il a libéré tous ses freins : 66 % continuent de le considérer comme un parti d’« extrême droite ».
Pourquoi cette progression ?
Plusieurs facteurs peuvent être identifiés :
- Une période de fortes inquiétudes économiques et sociales (pouvoir d’achat, chômage, peur du déclassement).
- Le travail de « dédiabolisation » du RN dans les médias et son positionnement comme opposition structurelle.
- Un glissement de l’électorat de la droite traditionnelle vers le RN, notamment parmi les sympathisants Les Républicains.
Cependant, le vrai test pour le RN reste son cœur de compétence : influence à l’international, économie, gestion publique. Dans ces domaines, le déficit de crédibilité persistait jusqu’ici.
Implications pour 2027 et plus-loin
Si cette perception se confirme, plusieurs conséquences peuvent émerger :
- Une présidentielle 2027 où le RN pourrait incarner une alternative crédible pour une majorité des électeurs.
- Un décloisonnement politique : la droite traditionnelle sera contrainte de clarifier sa stratégie et ses alliances.
- Une nécessité accrue pour les autres forces politiques de renouveler leur discours et leur confiance auprès des Français.
Cette progression du RN pose aussi une question majeure : celle de la viabilité d’un projet capable de gouverner au-delà de la simple opposition.
Le sondage met en lumière un basculement significatif : près d’un Français sur deux estime désormais que le RN pourrait gouverner.
Ce résultat traduit la montée d’un parti autrefois jugé marginal vers une crédibilité accrue, mais également la profonde crise de confiance dans le système politique français.
Reste à voir si cette perception se traduira en résultat électoral ou si elle conduira à de nouveaux recompositions avant 2027.
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