L’Italie a récemment entrepris un redressement significatif de ses comptes publics : après un déficit de l’ordre de 7 % du PIB, elle est parvenue à le ramener autour de 3 % en quelques années.
Ce succès apparent résulte d’un mélange de mesures budgétaires et de réformes structurelles. Cet article passe en revue les principaux leviers utilisés et analyse leurs effets ainsi que les défis qui restent à relever.
Contexte et ambition de redressement
D’après les récentes prévisions, le déficit public italien est estimé à environ 3,4 % du PIB en 2024, un recul notable par rapport aux années précédentes. En parallèle, la dette publique reste très élevée : selon les données européennes, elle atteignait 135,3 % du PIB en 2024.
Cette contraction du déséquilibre financier s’appuie sur un plan de consolidation aligné avec les règles budgétaires de l’Union européenne, qui vise à ramener le déficit sous la barre des 3 % du PIB d’ici 2026.
Les mesures de réduction des dépenses
Spending review et plafonds budgétaires
Le gouvernement italien a mis en place des plafonds triennaux de dépenses par ministère, appuyés par des rapports de révision internes (“relazioni di revisione”).
Cette rationalisation des dépenses devrait générer des économies progressives sur la période 2024-2026.
Réduction du « Super Bonus 110 % »
Le dispositif fiscal généreux destiné à stimuler la rénovation énergétique a pesé lourdement sur les finances publiques. En ramenant progressivement son taux (de 110 % à 90 % puis 70 % et plus), l’Italie a réalisé une économie significative.
Réforme des retraites (quota 103)
Un allongement des délais pour un départ anticipé à la retraite et un plafonnement des pensions ont contribué à réduire la dépense publique liée aux retraites.
Réforme de la justice civile & digitalisation
La réduction des délais judiciaires et la modernisation (cloud, identité numérique SPID/CIE) visent à améliorer l’efficacité de l’administration publique, ce qui permet d’économiser indirectement des ressources.
Réduction progressive des aides à l’énergie
Après la crise énergétique, certaines aides aux ménages ont été limitées aux plus vulnérables, permettant de dégager plusieurs milliards d’euros d’économies.
Libéralisation et ouverture des marchés locaux
L’ouverture accrue des secteurs locaux (taxis, concessions, eau) a généré des économies et des recettes supplémentaires via une meilleure concurrence et une collecte fiscale améliorée.
Les mesures en matière de recettes
Facturation électronique et lutte contre la fraude fiscale
La généralisation de la facturation électronique (pour les micro-entreprises notamment) et l’interconnexion des bases de données fiscales et sociales ont permis de récupérer des montants significatifs de fraude.
Réforme de l’IRPEF
La réduction des tranches d’imposition et la suppression de certaines niches fiscales ont visé à simplifier le système et à dégager plusieurs milliards d’euros de ressources.
Privatisations et cessions d’actifs
Un programme de privatisations a été fixé pour la période 2024-2026 afin de dégager des recettes d’environ 20 milliards d’euros.
Taxation des services numériques et mesures ciblées
L’élargissement de la « Digital Services Tax » à davantage d’acteurs a renforcé les recettes liées aux services numériques.
Effets, limites et défis à venir
Effets positifs
Le déficit réduit et quelques excédents mensuels apparaissent comme des signes encourageants. L’effort de consolidation budgétaire a été reconnu comme crédible dans certains rapports.
Limites et défis persistants
Malgré ces progrès, plusieurs études soulignent que la dette demeure très élevée et que la trajectoire reste vulnérable en cas de croissance faible ou de taux d’intérêt plus élevés. Par ailleurs, une partie des gains provient de mesures temporaires ou de facteurs externes (fonds européens, contexte favorable) plutôt que de réformes structurelles profondes.
Vers la soutenabilité à long terme
La mission est maintenant de maintenir les efforts de consolidation tout en soutenant la croissance, l’emploi et l’innovation. Le vieillissement démographique, la faible productivité et la nécessité d’investissements dans le numérique et la transition énergétique sont des défis à affronter.
L’Italie a engagé un redressement budgétaire ambitieux combinant maîtrise des dépenses et renforcement des recettes.
Si les résultats sont visibles à court terme, la vraie question reste celle de la durabilité : réussir à stabiliser la dette à un niveau supportable tout en relançant la croissance. Sans cela, les progrès pourraient s’avérer fragiles.
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