 
                                                    
                                                Un agent de police de 26 ans est détenu depuis quinze mois à la suite d’un tir mortel survenu en juin 2024 dans le garage de sa grand-mère à Bobigny. L’affaire, encore en cours d’instruction, divise l’opinion entre défense du droit à la légitime défense et exigence de transparence judiciaire.
Les faits : une intrusion qui tourne au drame
Le 29 juin 2024, vers 5 h 30 du matin, un policier originaire de Bobigny reçoit un appel paniqué de sa grand-mère âgée de 94 ans. Celle-ci entend des bruits suspects dans le garage de son pavillon, déjà visité la veille par un intrus.
Le fonctionnaire, en repos mais armé de son arme de service et porteur de son brassard, se rend immédiatement sur place. En pénétrant dans la remise du jardin, il découvre un squatteur, un homme endormi, plus tard identifié comme Amar S., âgé de 32 ans et de nationalité algérienne.
Selon les premiers éléments de l’enquête, le policier se serait présenté et aurait tenté d’interpeller l’individu. Une altercation aurait alors éclaté, au cours de laquelle l’homme aurait saisi un objet métallique perçu comme une arme. Le policier aurait alors ouvert le feu à plusieurs reprises.
Les secours n’ont pu réanimer la victime, touchée par plusieurs balles. Le décès a été constaté sur place.
L’enquête et la mise en détention provisoire
Une information judiciaire pour homicide volontaire a été ouverte par le parquet de Bobigny. Le jeune policier a été mis en examen et placé en détention provisoire en juillet 2024, décision confirmée à plusieurs reprises par les juges des libertés et de la détention.
Depuis, sept demandes de remise en liberté ont été rejetées, la dernière en octobre 2025, les magistrats invoquant un « risque de réitération » et de « pression sur les témoins ».
La défense du policier dénonce une procédure trop longue et estime que son maintien en prison n’est « pas justifié » au vu des circonstances de l’affaire.
Selon une source proche du dossier, une reconstitution a eu lieu début octobre 2025 afin d’éclaircir le déroulement exact des faits. Les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques.
Témoignages et controverse autour de la qualification des faits
L’affaire a rapidement pris une tournure médiatique et politique. Des collectifs citoyens et plusieurs élus ont réclamé « justice pour la victime », considérant que le tir était disproportionné.
De leur côté, des syndicats de police ont exprimé leur soutien au fonctionnaire, estimant qu’il avait agi dans un contexte de stress extrême et de légitime défense.
Un rassemblement a eu lieu à Bobigny en juillet 2024 pour dénoncer les violences policières et demander la transparence de l’enquête. La famille d’Amar S. s’est constituée partie civile.
Les partisans du policier évoquent quant à eux une « procédure d’exception » et dénoncent un traitement plus sévère que celui réservé à d’autres affaires similaires.
Le profil des protagonistes
Le policier, âgé de 26 ans au moment des faits, était en poste en région parisienne depuis plusieurs années. Décrit par ses collègues comme un agent « sérieux et discret », il n’avait fait l’objet d’aucune sanction disciplinaire avant l’incident.
La victime, Amar S., vivait dans le département depuis plusieurs années et faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il était connu des services de police pour de petits délits mais ne présentait pas de profil violent selon son entourage.
Une affaire emblématique des tensions entre police et justice
Ce dossier s’inscrit dans un climat tendu autour de la question de la légitime défense des forces de l’ordre. Plusieurs syndicats policiers dénoncent des placements en détention « trop systématiques », tandis que des magistrats rappellent que chaque affaire doit être jugée au cas par cas.
Des juristes soulignent que les récentes réformes encadrant l’usage des armes par les policiers (loi de 2017) visent à équilibrer la protection des agents et la proportionnalité de la riposte.
Plus de quinze mois après le drame, l’enquête se poursuit et aucune date de procès n’a encore été fixée.
Entre compassion pour une famille endeuillée et solidarité envers un jeune agent confronté à un choix tragique, cette affaire relance le débat sur les conditions d’intervention des policiers et sur les limites de la légitime défense en France.
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