
Lors d’une interview au journal suédois Aftonbladet, Greta Thunberg décrit cinq jours de détention qu’elle qualifie d’“éprouvants” après l’interception de la flottille pour Gaza par l’armée israélienne. Elle y expose des conditions qu’elle juge humiliantes, violentes ou dégradantes, tout en soulignant que son sort doit alerter sur celui des Palestiniens plus largement.
Cet article recontextualise son témoignage, croise des sources indépendantes et informe des suites diplomatiques et juridiques.
Contexte : la flottille pour Gaza et l’interception
En septembre 2025, plusieurs dizaines de navires ont rejoint une initiative visant à briser le blocus maritime imposé à la bande de Gaza. Les organisateurs espéraient que cette flottille attirerait l’attention sur la crise humanitaire dans l’enclave, mais elle fut finalement interceptée par les forces israéliennes début octobre.
Greta Thunberg, déjà interpellée lors d’une précédente tentative en juin, se trouvait à bord d’un des navires de la flottille internationale. Selon Reuters, elle faisait partie des 478 personnes arrêtées. Après quelques jours en détention, elle a été expulsée vers la Suède.
Dix récits de détention : violence, humiliations et conditions critiques
Arrestation et violences physiques
Selon son témoignage, l’arraisonnement nocturne fut brutal : des militaires masqués braquèrent des armes automatiques sur l’équipage. À son arrivée à Ashdod, elle fut sommée d’enlever son tee-shirt “Free Palestine” et de se changer. Elle décrit avoir été plaquée au sol, violemment saisie, et frappée à plusieurs reprises.
Dans sa cellule, elle affirme avoir été placée dans un coin, avec l’insulte “petite salope” répétée en suédois, accompagnée de moqueries et de propos humiliants. Un drapeau israélien aurait été disposé de telle sorte qu’il la frôlait, ce qui entraînait de nouveaux coups. Les gardes, d’après elle, prenaient des selfies avec elle, tandis qu’on lui ordonnait de retirer ses vêtements pour accéder aux toilettes.
Elle rapporte aussi une visite du ministre de la Sécurité nationale israélien, Itamar Ben Gvir, qui aurait traité les détenus de “terroristes” et menacé qu’ils “pourriraient en prison”.
Conditions de vie : surpopulation, manque de ressources, insectes
Selon Greta Thunberg, la chaleur dans la cellule dépassait les 40 °C, l’eau et la nourriture étaient distribuées en quantités insuffisantes, et les détenus n’avaient ni horloge ni repère temporel. Elle évoque la présence d’insectes, des nuits interrompues par des flashs ou des bruits, ainsi que des bouteilles jetées hors de portée des détenus.
Elle raconte avoir vu des impacts de balles et des traces de sang sur les murs, ainsi que des messages gravés par d’anciens prisonniers palestiniens. Elle dit : « si Israël peut traiter ainsi une personne blanche et connue, imaginez ce qu’ils font aux Palestiniens à huis clos ».
À sa libération, son bagage fut restitué arborant le mot “salope”, un drapeau israélien et un dessin obscène, ce qu’elle a décrit comme une provocation grossière.
Réactions, vérifications et position israélienne
Les allégations de Greta Thunberg ne sont pas isolées. D’autres membres de la flottille, libérés ou expulsés, corroborent certains de ses propos, notamment sur le manque d’eau, les conditions insalubres et les humiliations.
Du côté israélien, la version officielle réfute les accusations. Le ministère des Affaires étrangères affirme que les détenus ont eu accès à l’eau, aux sanitaires, aux soins et à une représentation légale, et que leurs droits ont été respectés.
Par ailleurs, la représentante suédoise a déclaré que l’ambassade avait rencontré Thunberg en détention et qu’elle avait signalé des problèmes de déshydratation, de manque de nourriture, et des éruptions cutanées pouvant indiquer la présence de punaises de lit.
Enjeux diplomatiques et symboliques
L’affaire a pris une dimension politique forte. En réaction à la détention, des appels ont été lancés pour imposer des sanctions contre Israël, et des gouvernements, comme celui de la France, ont promis de recueillir les témoignages de leurs ressortissants.
Greta Thunberg elle-même a voulu souligner que son image, sa visibilité et sa nationalité la plaçaient dans une position privilégiée : “ce que j’ai vécu est minime comparé à ce que subissent les Palestiniens quotidiennement”.
Son témoignage relance les débats sur les droits des détenus en conflits armés, les obligations des puissances occupantes, la légalité des blocages, et le rôle des activistes dans les zones de crise.
Le récit de Greta Thunberg jette une lumière crue sur les conditions auxquelles sont exposés ceux qui tentent de briser le silence autour du conflit israélo-palestinien.
Si ses allégations demeurent contestées, leur portée symbolique est incontestable : elles obligent la communauté internationale à se poser une question douloureuse : jusqu’où la dignité humaine peut-elle être respectée quand une personne visible, avec un passeport occidental, est placée en détention dans un contexte de guerre ?
Cette affaire est plus qu’un témoignage personnel ; elle alimente un débat sur les droits, la justice, l’écriture de l’histoire et le sort des invisibles.
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