
La décision de repousser l’application de la réforme des retraites engendre des dépenses supplémentaires dont une partie sera financée par les complémentaires santé (mutuelles, assurances, etc.) et par les retraités.
Selon le projet de budget de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) et du Caisse nationale d’assurance maladie, la suspension de la réforme entraînerait un coût de 100 millions d’euros pour 2026 puis 1,4 milliard d’euros pour 2027.
Cet article détaille les mesures envisagées, leurs implications pour les mutuelles et les retraités, ainsi que le contexte plus large du budget social.
Le coût de la suspension de la réforme
Le report de la réforme – qui devait notamment relever l’âge légal de départ à la retraite pour certaines générations – se traduit par une charge financière.
- Cette suspension coûterait 100 millions d’euros en 2026.
- Pour 2027, le montant atteint 1,4 milliard d’euros.
Le budget de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) prévoit un objectif de retour à l’équilibre pour le système de protection sociale, alors que le déficit s’élève à plusieurs milliards.
Contribution accrue des complémentaires santé
Pour absorber une partie de cette dépense, le gouvernement prévoit d’augmenter la contribution des organismes complémentaires.
- Le taux passerait de 2,05 % à 2,25 % dès 2026.
- Cette hausse pourrait se répercuter sur les cotisations des adhérents aux mutuelles.
- Pour 2026, un nouveau taux de 2,05 % avait déjà été annoncé comme « taxe exceptionnelle » pour les complémentaires.
Cette mesure vise à « rééquilibrer la prise en charge entre l’assurance maladie obligatoire (AMO) et l’assurance maladie complémentaire (AMC) »
Impact pour les retraités
Les retraités seront aussi concernés via des mesures sur l’évolution de leurs pensions.
- Le gel des pensions et des prestations sociales est prévu pour 2026.
- Pour 2027 : augmentation de la sous-indexation des pensions par rapport aux prix, de 0,4 point à 0,9 point (soit +0,5 point).
- Avec une inflation hors tabac estimée à 1,75 % pour 2027, cette sous-indexation réduira mécaniquement le pouvoir d’achat des retraités.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de tensions budgétaires, où la génération née en 1964 verra l’âge légal de départ reculé à 62 ans et 9 mois (au lieu de 63) pour cette période de transition
Contexte budgétaire et enjeux
Réduction du déficit
Le projet de budget pour la Sécurité sociale vise à ramener le déficit à 17,5 milliards d’euros en 2026, contre 23 milliards en 2025.
Pour cela, l’augmentation des dépenses d’assurance maladie est limitée à +1,6 % pour 2026.
Mesures d’économies
- Le gel des prestations sociales, des pensions de retraite.
- Augmentation des contributions des mutuelles et des organismes complémentaires.
- Autres mesures comme le relèvement des plafonds des franchises médicales ou le doublement de la participation forfaitaire pour certains actes de soins.
Un contexte politique complexe
Le report de la réforme des retraites ne se limite pas à un ajustement technique : il est aussi politique, à moins de deux ans d’une échéance électorale nationale. La manière dont ces efforts sont répartis (entre actifs, retraités, complémentaires santé) pose des questions d’équité et de soutenabilité.
Répercussions et perspectives
Pour les mutuelles
L’augmentation de la contribution implique que les mutuelles devront absorber un sur-coût, soit via réduction de marges, soit via transfert vers les assurés (hausse des cotisations ou des forfaits).
Certaines organisations anticipent déjà une pression à la hausse sur les tarifs.
Pour les retraités
La combinaison gel des pensions en 2026 + sous-indexation en 2027 signifie une perte réelle de pouvoir d’achat pour plusieurs millions de retraités. La question du maintien de leur niveau de vie se pose, surtout pour les plus modestes.
En parallèle, un rapport du Comité de suivi des retraites recommandait d’ores et déjà une sous-indexation pour des raisons de soutenabilité.
Pour le système de retraite
Le report de la réforme (notamment de l’âge de départ) laisse transitoirement le système avec des échéances repoussées, mais cela ne remet pas en cause les défis démographiques et financiers à venir. Le déficit structurel des régimes reste un sujet majeur.
Le financement du report de la réforme des retraites mobilise désormais deux leviers : une hausse de la contribution des complémentaires santé et un effort accru des retraités via gel et sous-indexation des pensions. Si ces mesures permettent d’alléger temporairement la pression sur les comptes publics, elles soulèvent d’importantes questions d’équité entre générations et catégories socio-professionnelles.
À l’aube d’une période électorale, elles marquent aussi une redistribution des efforts plus visible et potentiellement controversée. Il reste à surveiller comment seront appliquées ces mesures et quel en sera l’impact concret sur les mutuelles et les retraités.
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