La réforme des retraites : ni abrogation, ni suspension, mais un décalage selon le président

Le 21 octobre 2025, lors d’un déplacement en Slovénie, le président de la République a précisé la position du gouvernement sur la réforme des retraites : il ne s’agirait ni d’une abrogation, ni d’une suspension du texte déjà voté, mais d’un simple « décalage d’échéance ».

Cette nuance traduit les choix politiques de l’exécutif face à un contexte social tendu, tout en maintenant l’essentiel du projet de réforme.

Le décalage annoncé

Le président a déclaré : « Ce n’est ni une abrogation, ni une suspension, c’est le décalage d’une échéance, qui est la prochaine échéance, celle des 63 ans au 1er janvier 2027 qu’il (le gouvernement) a décalée au 1er janvier 2028 avec un financement par des économies. »

Autrement dit, l’âge légal de départ annoncé à 63 ans à compter de janvier 2027 est repoussé d’un an. Le chef de l’État a également souligné que la réforme votée était « nécessaire pour le pays ».

Cette formulation a pour objectif d’apaiser les débats tout en signalant que l’orientation politique reste inchangée : l’âge de départ à la retraite augmentera, mais à un rythme un peu plus lent.

Pourquoi ce choix ?

Contexte financier et démographique

Le système de retraites par répartition est confronté à un double défi : un vieillissement de la population et un nombre d’actifs par retraité en diminution. Le président l’a rappelé : « On ne peut pas dire que l’on veut préserver notre modèle social et ne pas vouloir travailler un peu plus longtemps. »
De nombreuses études montrent que sans ajustements, la pression sur les cotisations ou sur le budget public pourrait s’accentuer.

Pressions sociales et politiques

La réforme des retraites est l’une des mesures les plus sensibles politiquement. Depuis l’annonce de précédents projets (âge de départ à 65 ans, système universel à points), les manifestations et débats sociaux ont été nombreux.
En ce contexte, différer l’application permet de ménager un délai avant que les changements ne se ressentent pour certaines générations, tout en gardant le cap.

Les principales mesures en jeu

– Jusqu’à récemment fixé à 62 ans, l’âge légal avait été envisagé à 63 puis 64 ou 65 ans selon les scénarios.
– Le décalage porte sur le passage à 63 ans au 1er janvier 2028, au lieu de 2027.

Durée de cotisation

Le gouvernement insiste sur la prolongation de la durée de cotisation et non uniquement sur l’âge de départ. « Ce n’est pas que l’âge légal, c’est travailler un peu plus de trimestres », a rappelé le président.
À titre d’exemple, passer de 42 à 43 annuités pour une retraite à taux plein était déjà dans le projet.

Modalités d’application

Le projet initial prévoyait une mise en œuvre progressive, avec des régimes qui ne seraient pas modifiés pour les retraités actuels ou proches de la retraite.

Les réactions et enjeux

Du côté des syndicats et de l’opposition

La nuance « décalage » plutôt que « suspension » ou « abrogation » soulève des critiques : certains estiment que la structure globale de la réforme reste intacte et que ce recul n’est qu’un gain de temps pour l’exécutif. Un expert économique a estimé que « ce n’est qu’un décalage de calendrier ».

Enjeu générationnel

Le décalage profite avant tout aux générations proches de la retraite, qui verront moins d’impact immédiat, tandis que les plus jeunes restent concernés par les modifications futures.

Enjeu du financement

Le gouvernement évoque un financement via « des économies », ce qui interroge sur l’impact des mesures associées : hausse de la durée de cotisation, revalorisation plus lente des pensions, ou encore adaptation des grands régimes spéciaux.

Que reste‑t‑il à définir ?

– Les contours exacts d’un éventuel référendum sur la réforme, que le président a évoqué : « des perspectives de référendum sont possibles… mais cela suppose qu’un accord soit d’abord scellé sur les contours du système. »
– La durée précise de l’allongement des cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein.
– L’articulation entre âge légal, âge plein (sans décote) et durée de cotisation.
– L’application pour les régimes spécifiques (fonction publique, carrières longues, pénibilité, exposition à l’amiante).

Cette réforme des retraites, portée par le gouvernement et assumée par le président de la République, prévoit un glissement du calendrier plutôt qu’un abandon ou un gel des mesures.

Le positionnement est clair : la réforme reste une priorité, mais son exécution sera plus étalée dans le temps pour calmer les tensions sociales. Reste maintenant à voir comment seront réglés les détails pratiques et comment sera engagée la concertation avec les partenaires sociaux.

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