Des propriétaires font appel à des « gangs » pour déloger des squatteurs : pourquoi et quels risques ?

Face à des procédures longues, des délais judiciaires et l’impression d’un manque d’action, certains propriétaires en France ont recours à des groupes organisés — parfois appelés « gros bras » ou « gangs » — pour reprendre leur logement occupé.

Cette pratique illégale promet une remise en mains rapides, mais expose aussi à des conséquences pénales et financières lourdes.

Le phénomène des squatteurs : comment ça se passe ?

Des propriétaires contactent des équipes qui se présentent comme spécialisées pour « déloger » des occupants. Ces groupes attendent parfois que les personnes quittent les lieux ou recourent à des manœuvres pour changer les serrures et reprendre le contrôle du logement. Le coût demandé varie — plusieurs milliers d’euros sont souvent évoqués — ce qui explique pourquoi certains propriétaires, désespérés, franchissent le pas.

Risques juridiques et sanctions encourues

Recourir à des expulsions par la force hors d’une procédure judiciaire expose le propriétaire à des poursuites. La loi renforcée contre l’« occupation illicite » (loi du 27 juillet 2023) a durci les sanctions liées au squat et créé de nouveaux outils, mais elle ne légalise pas la reprise par la force par des tiers : outre le risque civil (dommages, plaintes), les auteurs s’exposent à des peines pénales — pouvant aller jusqu’à plusieurs années d’emprisonnement et des amendes conséquentes — selon les circonstances et les infractions retenues.

Pourquoi certains propriétaires se tournent vers ces méthodes

Plusieurs facteurs expliquent ce recours :

  • la longueur et la complexité des procédures judiciaires classiques ;
  • le sentiment d’impuissance face à une occupation prolongée ;
  • l’urgence financière quand le bien représente l’épargne d’une vie ;
  • la diffusion d’exemples et de récits (médias, réseaux) qui montrent des interventions rapides.
    Ces éléments alimentent l’idée que la « justice » est trop lente et poussent certains à « se faire justice eux-mêmes ». Des voix publiques ou médiatiques soulignent que cette dynamique reflète un malaise plus large autour de la gestion du logement et de la protection des propriétaires.

Alternatives légales et bonnes pratiques pour les propriétaires

Avant toute action, plusieurs options permettent de limiter les risques :

  • réaliser un constat d’huissier et rassembler preuves (photos, témoignages) avant toute démarche ;
  • saisir rapidement un avocat ou une permanence juridique spécialisée ;
  • utiliser les procédures accélérées prévues par la loi anti-squat lorsque les conditions sont réunies ;
  • contacter les services sociaux/locales pour l’accompagnement et la médiation quand des personnes vulnérables sont concernées.
    Ces voies peuvent être plus longues ou coûteuses, mais évitent d’exposer le propriétaire à des poursuites pénales et à des factures bien supérieures (dommages et intérêts, pénalités).

Contexte chiffré : expulsions et pression sur le logement

La France connaît une forte pression sur le marché du logement : le nombre de procédures d’expulsion et de ménages expulsés a augmenté ces dernières années, avec des chiffres marquants en 2024. Ces tensions — hausse des loyers, impayés, difficultés économiques — expliquent en partie la hausse des situations conflictuelles autour des logements. Les données et rapports récents montrent aussi l’importance des politiques publiques et des dispositifs de relogement pour réduire l’escalade vers des solutions illégales.

Encadrement médiatique et prévention

Les médias et les autorités insistent sur deux messages : la reprise par la force n’est pas une solution légale, et la diffusion d’offres ou de méthodes facilitant ces pratiques peut elle-même être sanctionnée. Le discours public se concentre désormais sur l’équilibre à trouver entre protection des propriétaires et garantie des droits des occupants, ainsi que sur la nécessité d’améliorer les délais et l’efficacité des procédures judiciaires.

Faire appel à des « gangs » pour reprendre un logement occupé est compréhensible dans un contexte d’exaspération, mais demeure illégal et risqué.

Les propriétaires confrontés à un squat ont intérêt à privilégier les voies légales — constats, conseils juridiques, procédures adaptées — et à se tourner vers les services publics et associatifs pour limiter les conséquences humaines et judiciaires. Améliorer la réactivité des réponses institutionnelles et proposer davantage de solutions de prévention resteront essentiels pour réduire l’attrait de ces pratiques.

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