Le durcissement de la politique pénale proposé par Jordan Bardella : vers « la France, pays le plus répressif d’Europe » ?

Le président du Rassemblement national (RN) affiche une ambition musclée : faire de la France le pays le plus sévère d’Europe en matière de lutte contre la délinquance.

Expulsions massives, peines plancher, service militaire obligatoire… ses propositions relancent le débat sur l’ordre public, les droits fondamentaux et la place de la répression dans la politique pénale.

Un discours de fermeté

Lors d’une interview sur LCI, Bardella s’est déclaré « pro-police, pro-forces de l’ordre, pro-militaire » et a prononcé une phrase choc : « Je souhaite faire de la France le pays le plus répressif d’Europe à l’égard de la délinquance et de la criminalité qui […] pourrit la vie de nos compatriotes ».

Il a ainsi présenté plusieurs mesures-phares : suppression des remises automatiques de peine, instauration de peines plancher, expulsion systématique des « délinquants et criminels étrangers », et rétablissement du service militaire obligatoire.

Les grandes lignes des propositions

Expulsions et réduction des remises de peine

Bardella souhaite que les remises automatiques de peine soient supprimées pour les crimes les plus graves, afin que leurs auteurs « puissent rester en prison sans possibilité de sortir ».

Il revendique également que les étrangers condamnés pour certaines infractions soient expulsés rapidement.

Service militaire et autorité renforcée

Le rétablissement du service militaire obligatoire figure alors parmi les propositions visant à renforcer « l’autorité de l’État ».

Le RN considère donc que la lutte contre l’insécurité passe par une revalorisation des forces armées et de la discipline collective.

« Choc d’autorité » et « peines plancher »

Le parti appelle à un « choc d’autorité dans la société », avec la mise en œuvre de peines plancher pour certaines infractions et des sanctions immédiates visant les mineurs en possession d’armes, selon des propos tenus sur les plateaux télé.

Enjeux et critiques

Les ambitions répressives de Bardella suscitent plusieurs questions :

  • Compatibilité avec les droits fondamentaux : la mise en place de peines sans possibilité de sortie et l’expulsion d’étrangers condamnés pourrait entrer en conflit avec le droit à un procès équitable et la non-discrimination.
  • Efficacité réelle : certains observateurs s’interrogent sur l’impact réel de la seule répression sur l’insécurité, sans accompagnement social ou éducatif.
  • Délégation judiciaire et rôle du juge : la suppression des remises automatiques de peine implique une redéfinition de la place des juges et de l’évaluation individuelle des dossiers.

Jordan Bardella pose une feuille de route claire : faire de la France un modèle de « tolérance zéro ». Mais transformer cette ambition en politique publique pose autant de défis juridiques que sociaux.

Le débat s’annonce intense sur la vision de la justice, de l’autorité et de la place de la répression dans la démocratie française.

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