Interdire l’euthanasie des animaux saisis : la proposition d’un député pour une justice plus humaine

Dans la lignée de la loi de novembre 2021 destinée à lutter contre la maltraitance animale, un député du Nord souhaite aller plus loin : il propose d’interdire l’euthanasie des animaux lorsqu’ils sont saisis dans le cadre d’une procédure judiciaire, sauf en cas d’impératif vétérinaire.

Cette initiative marque une nouvelle étape dans la réflexion sur le statut des animaux et leur place dans la justice.

Le dispositif proposé

Objectif et portée du texte

Le député Vincent Ledoux a déposé la proposition de loi n° 1976 visant à combler ce qu’il estime être un vide juridique : lorsqu’un animal est retiré à son propriétaire pour maltraitance ou négligence, sa mise à mort ne serait plus permise sauf si un vétérinaire motivait cette décision pour des raisons de souffrance ou de santé.

Ce cadre légal limiterait tout recours à l’euthanasie aux seuls cas strictement nécessaires, et placerait la justice dans une posture plus respectueuse envers les animaux saisis.

Fondements législatifs et références existantes

La proposition s’inscrit dans la continuité de la loi du 30 novembre 2021, qui visait à renforcer la lutte contre les sévices sur les animaux et à conforter le lien entre les humains et les animaux. 

Par ailleurs, elle s’appuie sur le principe reconnu en droit français que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité — un principe inscrit dans le Code rural et le Code civil. 

Arguments à l’appui et inspirations étrangères

Plaidoyer pour une justice plus humaine

Intervenant publiquement, l’élu a déclaré que « les animaux sont des êtres sensibles » et que cette mesure représenterait « un progrès énorme ». Il affirme que la justice doit évoluer non seulement dans sa technicité, mais aussi dans sa considération de l’animal en tant qu’être. 

 Il estime aussi que la décision d’euthanasier ne devrait plus dépendre de la “disponibilité des refuges” ou de choix administratifs, mais uniquement d’un impératif médical documenté.

Le modèle italien comme point de comparaison

Le texte s’inspire du droit italien, où une loi prévoit que l’abattage d’un animal soit interdit avant la fin de la procédure judiciaire, sauf en cas de nécessités vétérinaires.

L’Italie a en effet renforcé la protection des animaux dans son arsenal législatif, en augmentant les peines pour maltraitance et en reconnaissant un statut juridique plus élevé aux animaux. 

Données et enjeux quantitatives

Selon l’association AVA (Agir pour la Vie Animale), environ 100 000 euthanasies animales sont pratiquées chaque année en France — chiffre que la proposition entend réduire.

D’autres acteurs soulignent que l’euthanasie, même encadrée, reste un recours sensible, et que toute réduction de sa pratique est un objectif éthique et moral pour beaucoup d’associations.

Défis, résistances et points à clarifier

Questions de ressources et d’accueil

Si l’euthanasie devient fortement restreinte, il faudra garantir des structures d’accueil suffisantes (refuges, sanctuaires) pour les animaux saisis. Sans cela, le texte risquerait de perdurer dans les beaux principes sans réalisation concrète.

Surcoût administratif et judiciaire

Les juges, les services vétérinaires et les services judiciaires devront être équipés pour évaluer les situations, motiver les décisions légales ou médicales, et assurer le suivi des animaux saisis jusqu’à sortie du litige.

Équilibre entre droits humains et protection animale

La question de la place des animaux dans le système juridique pose un équilibre délicat entre la protection des êtres sensibles et la priorité aux droits humains, particulièrement lorsqu’une procédure judiciaire est en cause. Le texte doit naviguer entre respect de l’animal et efficacité de la sanction.

La proposition de loi visant à interdire l’euthanasie des animaux saisis dans une procédure judiciaire, sauf nécessité vétérinaire, constitue une avancée symbolique et législative forte. Elle interroge la relation qu’une société veut entretenir avec ses animaux et appelle à repenser les équilibres entre justice, compassion et responsabilité.

Pour qu’elle prenne sens, son adoption devra s’accompagner d’un renforcement concret des structures de prise en charge des animaux et d’une réelle volonté politique d’agir au-delà des mots.

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