Les États-Unis envisagent de rendre obligatoire la transmission de l’historique des réseaux sociaux pour certains touristes étrangers. Cette mesure vise à renforcer les contrôles des visiteurs qui peuvent entrer sans visa via le programme d’exemption de visa.
Elle s’inscrit dans une stratégie plus large de collecte de données personnelles et soulève des réactions contrastées.
Qui est concerné et ce qui change
Actuellement, des ressortissants de 42 pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon ou encore la Corée du Sud, peuvent séjourner jusqu’à quatre-vingt-dix jours aux États-Unis sans visa en remplissant une autorisation électronique appelée ESTA. Dans le cadre de cette demande, des informations de base sont déjà requises.
La nouvelle proposition prévoit d’ajouter plusieurs données personnelles obligatoires aux dossiers des demandeurs. Parmi celles-ci :
- l’historique des activités sur les réseaux sociaux des cinq dernières années,
- les numéros de téléphone utilisés au cours des cinq dernières années,
- les adresses électroniques utilisées au cours des dix dernières années,
- des informations détaillées sur les membres de la famille.
Ces éléments viendraient s’ajouter à ce qui existe déjà dans le formulaire de demande d’autorisation.
Pourquoi cette mesure est proposée
Selon les autorités américaines, l’objectif affiché est de renforcer la sécurité nationale en repérant avant leur arrivée des signaux potentiels liés au terrorisme ou à d’autres risques. L’administration affirme que ces informations aideront à mieux identifier certains profils avant l’entrée sur le territoire.
Le texte de cette proposition est apparu dans le Federal Register, le journal officiel des États-Unis, le 10 décembre 2025. Il doit entrer en vigueur d’ici soixante jours, sauf si des recours juridiques l’arrêtent.
Impacts sur les voyageurs et inquiétudes
La proposition suscite de nombreuses critiques. Pour plusieurs défenseurs de la vie privée, l’exigence de remettre des années d’activités sur les réseaux sociaux revient à accéder à des données personnelles parfois sensibles. Certains craignent une forme de surveillance numérique excessive sous couvert de sécurité.
Des spécialistes du tourisme estiment que cette règle pourrait décourager des visiteurs internationaux, notamment avant des événements majeurs comme la Coupe du monde de football de 2026 que les États-Unis co-organisent. Ils soulignent aussi que la procédure pourrait devenir plus longue et plus complexe à gérer pour les voyageurs.
Contexte plus large de la politique migratoire
Cette proposition s’ajoute à d’autres mesures de contrôle renforcé aux frontières américaines décidées récemment. Par exemple, les autorités ont relevé certains frais pour les touristes étrangers et augmenté les exigences concernant les demandes de visas en général.
De telles décisions ont déjà contribué à une baisse de la fréquentation touristique internationale, avec une estimation d’environ 6,3 % de diminution des arrivées étrangères en 2025 par rapport à 2024.
L’idée de demander un historique complet des réseaux sociaux aux voyageurs sans visa est l’une des évolutions les plus marquantes des règles d’entrée aux États-Unis depuis plusieurs années. Elle illustre la tension actuelle entre volonté de sécurité renforcée et respect de la vie privée.
Selon l’issue de la période de commentaires publics et des éventuelles contestations en justice, cette règle pourrait transformer profondément la manière dont les visiteurs étrangers accèdent au pays.
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